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Published by City Farmer, Canada's Office of Urban Agriculture


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Ville et Nature

dans les Agglomérations d'Afrique et d'Asie


Pierre-Marie Tricaud et Philippe Blancher
pierre-marie.tricaud@iaurif.org
Ministère Français des Affaires Étrangères
(Direction de la Coopération Scientifique et Technique)
& Ministère Français de la Coopération
Décembre 1996
French Ministry of Foreign Affairs & French Ministry of Cooperation,
December 1996

Publication:
Groupe de recherche et d'échanges technologiques/ Technological Research and Exchange Group
211-213, rue La Fayette 75010 Paris (France)
Tel: (+33) 1 40 05 61 61
Fax: (+33) 1 40 05 61 10
URL : http://www.gret.org/

Pierre-Marie Tricaud
Ingénieur Agronome, Paysagiste DPLG
Agronomist, Landscape Architect
IAURIF (Institut d'Am énagement et d'Urbanisme de la R égion d' Île-de-France) (Planning Institute of Paris Region)
15, rue Falguière - 75740 Paris cedex 15 (France)
Tel. (+33) 1 53 85 79 02

Also available, new publication by IAURIF:
Agriculture périurbanine et paysage (Peri-urban agriculture and the landscape)
Avril 1998 25 pages

New March 1999
Urban Open Space Planning - Lessons from Seven North American Cities and Paris Region
By Pierre-Marie Tricaud, Agronomist INAPG, Landscape Architect DPLG
Institut d'Aménagement et D'Urbanisme de la Région d'Île-de-France
15, rue Falguière, 75015 Paris, France
Institute for Policy Studies, The John Hopkins University
3400N, Charles Street, Baltimore, Maryland 21218, USA

Note: A shortened version of the original, excellent Bibliographie is included here.

Pierre-Marie Tricaud, ingénieur agronome et architecte-paysagiste, est chargé d'études à l'Institut d'Aménagement et d'Urbanisme de la Région d'Île-de-France (IAURIF), Paris. Philippe Blancher, ingénieur, est chargé de mission au centre d'études Économie et Humanisme, Lyon.
Pierre-Marie Tricaud, agronomist and landscape architect, is a project manager with the Planning Institute of Paris Region (IAURIF). Philippe Blancher, civil engineer, is a project manager with the study center Économie et Humanisme, Lyon.

Ce document est la synthèse de trois études de cas sur la place, l'évolution et le rôle de l'interface ville-nature dans les grandes agglomérations du Tiers-Monde, commandée par le Ministère Français des Affaires Étrangères (Rémi Perelman, DCST) : Ces études, listées ci-dessous, sont détaillées en bibliographie. This paper is the synthesis of 3 case studies on the extent, the evolution and the roles of city-nature interface in Third World large cities, a command of the French Ministry of Foreign Affairs. These case studies, listed hereafter, are detailed in bibliography :

P.-M. Tricaud, Agriculture urbaine à Freetown et Ibadan, 1987.
(published in English by the United Nations university: Urban Agriculture in Ibadan and Freetown, 1987)
P.-M. Tricaud, Zones vertes urbaines et périurbaines en Afrique du nord (Le Caire et Tunis), 1988.
P.-M. Tricaud et P. Blancher, Espaces naturels dans une métropole indienne : Ahmedabad, 1993.

Rédaction de la synthèse : P.-M. Tricaud, sauf chapitre 4.1 ci après (Cadre d'une politique globale...), ainsi qu'une partie du 4.22 (Schéma directeur...), empruntés à la contribution de P. Blancher à l'étude sur Ahmedabad. The synthesis was written by P.-M. Tricaud, apart from chapter 4.1 hereafter and part of chapter 4.22, which were written by P. Blancher for the study on Ahmedabad.

Ce document a été publié en décembre 1996 par le Gret (Groupe de recherche et d'échanges technologiques, Paris) sur un financement des ministères français des Affaires Étrangères et de la Coopération. This paper was published in December 1996 by the Gret(Technological Research and Exchange Group), where it can be purchased.

Presentation

Where does the town end and the countryside begin? Who is urban, who is rural? These questions are not easy to answer, because the town-nature interface is not a mere line, but a system of physical or economic relations. These are analyzed here through various examples, taken from large African and Asian cities.

Nature is present within the city through forests, rivers, lakes or lagoons, peri-urban and urban agriculture, livestock, parks, gardens and street trees. The natural spaces have various uses (production, recreation...), various locations (separated or mixed with residential or public spaces), and various land tenure systems. Being in-between town and countryside, they are often places of conflict, between urban and rural authorities, and between the authorities and the informal sector.

Nevertheless, these urban natural spaces play numerous and vital roles. The way that the landscape is perceived reflects the culture of a people, as in Arab gardens, in the Hindu pantheism, and the filial tie between Man and Nature in the Negro-African cultures. Their contribution to physical environment is not of minor importance: they maintain biodiversity, filter and cool air, transform liquid and solid wastes into food and greenery, keep from construction noise or hazard exposed areas. And their economic and social roles (agricultural production, land use control, recreation) are increasing in importance as cities expand.

The peri-urban fringe is a place of instability and change, not only from the pressure for urban development on cultivated lands, but also from the increase and diversification of urban demand for agricultural products, for a green environment and for recreational amenities.

These observations lead to recommendations for a general policy for the creation and management of urban natural spaces, which should contribute to an increased sense of responsibility among the stakeholders. This policy must be built on efficient systems (knowledge, management, economics...) and be implemented through strategic projects, such as: selecting priority lands for preservation, greening streets and public spaces, encouraging agriculture and integrating waste water treatment with irrigation. These projects must be federated within programs and master plans.

Présentation

Où finit la ville, où commence la campagne? Qui est citadin, qui est rural? La difficulté de répondre à ces questions amène à concevoir l'interface ville-nature non comme une simple ligne de contact, mais comme un ensemble de relations spatiales et économiques. Celles-ci sont analysées ici à travers de multiples exemples, pris dans diverses grandes agglomérations africaines et asiatiques.

La nature est présente en ville à travers des forêts, des rivières, étangs ou lagunes, une agriculture péri- et intra-urbaine, de l'élevage, des parcs et jardins, des arbres des rues. Les "espaces de nature" y diffèrent par leur usage (production, détente, cadre de vie), par leur insertion dans la ville (individualisé, mélangés à l'habitat ou à la voie publique) et par leur statut foncier. Intermédiaires entre la ville et la campagne, ils sont souvent des lieux de conflit, entre responsables urbains et ruraux, entre autorités et secteur informel.

Or les rôles de ces espaces naturels urbains sont nombreux et essentiels. La perception du paysage est le reflet de la culture d'un peuple, que ce soit dans les jardins arabes, dans la panthéisme hindou ou dans le lien filial de l'homme à la nature dans les civilisations nègres. Leur contribution à l'environnement physique n'est pas moindre : maintien de la biodiversité, filtration et rafraîchissement de l'air, recyclage des déchets liquides et solides, valorisation sans urbanisation des espaces exposés au bruit ou aux risques. Enfin leurs rôles économiques et sociaux sont loin d'être négligeables : production agricole, maîtrise foncière, détente et récréation.

La frange péri-urbaine est presque toujours un lieu d'instabilité, de mutations, non seulement par les pressions foncières qu'exercent la ville sur la campagne, mais aussi par l'augmentation et la diversification des demandes urbaines en produits agricoles, en cadre végétal et en espaces de détente.

Ces constats conduisent à recommander une politique d'ensemble pour aménager et gérer les espaces de nature en ville, devant contribuer à responsabiliser les différents acteurs concernés. Cette politique doit s'appuyer sur des structures performantes (connaissance, gestion, financement...), et se traduire par des projets concrets, par exemple : hiérarchiser les terrains à protéger, planter les rues et les places, favoriser l'activité agricole, intégrer l'assainissement et l'irrigation. Ces projets devront être harmonisés dans des programmes et des schémas directeurs.

Table Des Matières

Introduction

1. La Nature Dans La Ville
1.1 Où Finit La Ville ? Où Commence La Campagne ?
1.11 Définitions de la nature
1.12 Définitions de la ville et de l'espace péri-urbain
1.2 Qui Est Citadin ? Qui Est Rural?
1.21 Vue d'en bas : mise en évidence de l'agriculture citadine par les enquêtes sur l'activité des ménages
1.22 Vue d'en haut : mise en évidence de l'agriculture citadine par les chiffres de consommation
1.23 Où cultivent les citadins?
1.3 Quelques Exemples
1.4 Typologie
1.41 Forêts
1.43 Milieux humides
1.44 Agriculture péri-urbaine
1.45 Agriculture intra-urbaine
1.46 Élevage
1.47 Espaces verts urbains : parcs et jardins
1.48 Plantations de l'espace public hors espaces verts
1.5 Les Acteurs
1.51 Responsables politiques et administrations
1.52 Secteur informel
1.53 Relations entre pouvoirs publics et secteur informel
1.54 Chercheurs et milieu associatif
2. Rôles Et Significations Des Espaces Naturels Urbains
2.1 Dimension Culturelle
2.2 Contribution D'Ensemble À La Qualité De L'Environnement Physique
2.21 Biodiversité
2.22 Effets sur l'air et le climat
2.23 Recyclage des déchets (liquides, solides)
2.24 Maîtrise de la nuisance sonore
2.25 Maîtrise des risques naturels et technologiques
2.3 Rôles économiques et sociaux
2.31 Production
2.32 Maîtrise du foncier
2.33 Rôle récréatif et social
3. La Dynamique Ville-Nature
3.1 Un Lieu De Mutation
3.2 Un Lieu De Tension
3.22 Le statut précaire des espaces naturels urbains
3.23 La difficile cohabitation de l'agriculture et de la ville
3.3 Un Lieu D'Innovation
3.31 Une agriculture en évolution
3.32 Des projets économiques, sociaux, urbanistiques, environnementaux...
4. Pour Une Politique Globale Des Espaces Naturels Urbains
4.1 Cadre D'Une Politique Des Espaces Naturels Urbains
4.11 Perspectives et objectifs. "Développement durable"
4.12 Approches
4.13 Structures et moyens
4.2 Éléments D'Une Politique Des Espaces Naturels Urbains
4.21 Thèmes et pistes d'action sectoriels
4.22 Établir un schéma directeur d'aménagement et de gestion des espaces naturels urbains


En Guise De Préface

À une époque où la concentration dans les villes paraît devoir universellement l'emporter -- et d'un manière inconsidérée -- sur les valeurs et modes de vie des ruraux, l'auteur, ingénieur agronome et paysagiste, attire opportunément l'attention sur une reconquête du monde urbain par la végétation, qui tendrait à prouver que la densification annoncée est incertaine. L'universalité d'un "objet urbain" à jamais déconnecté des contingences des productions végétales et animales, reste une pure vue de l'esprit.

La ville, tout spécialement dans les pays en développement, est un milieu de vie ou, mieux encore, un écosystème qui doit aussi satisfaire des besoins alimentaires incompressibles. Le mode de vie précaire d'une majorité des urbains impose en effet de produire sur place, dans et près de la ville. Pierre-Marie Tricaud nous montre ainsi ce que pourrait devenir la "ville globale" du XXIe siècle : un écosystème urbain complexe et complet, ayant réintégré une partie des fonctions biologiques exclues par la spécialisation et les zonages abusifs.

Paradoxalement, ce sont ici les pays en développement qui semblent ouvrir la voie à un développement urbain durable, dont on parle beaucoup, mais pour lequel on fait encore si peu. Par exemple, les eaux usées, fertilisantes par nature, y sont utilisées spontanément pour l'irrigation agricole, de préférence aux eaux propres, qu'il faudrait enrichir en nutriments coûteux. Les déchets ménagers, et plus généralement tous les déchets organiques de la vie urbaine, sont efficacement recyclés sur place, à l'échelon des familles ou des collectivités de base. En revanche, en Afrique ou en Asie, des solutions dites "modernes" constituent souvent des détours improductifs coûteux; c'est le cas des stations d'épuration physico-chimiques ou des grandes usines d'incinération des déchets ménagers. Ces équipements détournent et détruisent des volumes importants de matières organiques indispensables au maintien du potentiel de fertilité des terres. Ils apparaissent ainsi aux antipodes du développement durable.

Dans un autre domaine, est-il normal que des dizaines de milliers de demandes de jardins familiaux en France, de jardins maraîchers en Afrique, ne puissent toujours pasêtre satisfaites, dans des villes trop complaisantes pour le béton, alors que les chômeurs en nombre croissant en ressentent de plus en plus le besoin ?

Il est urgent d'aborder ainsi "la nature en ville... autrement", comme un moyen de joindre l'utile à l'agréable, comme une nouvelle forme d'ingénierie écologique et sociale.

Raymond Delavigne
Directeur de la Division Environnement Urbain et Rural
Institut d'Aménagement et d'Urbanisme de la Région d' Île-de-France

Introduction

Les relations entre la ville et la nature sont dans l'air du temps : péri-urbanisation, rurbanisation, ceintures vertes, trames vertes d'agglomération, nature en ville, agriculture urbaine, écologie urbaine sont des questions débattues aussi bien dans les pays industrialisés que dans les pays en développement. Les catégories ne sont plus aussi tranchées qu'au temps où les villes étaient entourées de remparts. Avec l'explosion urbaine du XXe siècle et l'émergence de modes de croissance moins concentriques (le long des axes de communication ou autour de noyaux satellites), l'interface ou la transition entre la ville et la nature est devenue beaucoup plus importante. Ce contact se développe surtout à la périphérie urbaine (c'est la péri-urbanisation), mais aussi à l'intérieur (agriculture urbaine, trames vertes d'agglomération...).

L'enjeu relatif à ces espaces intermédiaires est de taille. En effet, cette relation entre la ville et la nature est conflictuelle, et l'issue spontanée de ce conflit est plutôt au profit de la ville. Mais le rôle des politiques, notamment celles de planification et d'aménagement du territoire, est de tempérer les tendances spontanées. C'est ainsi que les schémas directeurs doivent prévoir les infrastructures et les équipements publics qui ne se mettraient pas en place spontanément. Or les espaces verts, les forêts ou les périmètres agricoles constituent des équipements publics à prévoir en ville au même titre que la voirie ou l'assainissement. Pourtant, beaucoup des responsables politiques des pays en développement, et des experts locaux ou occidentaux qui les conseillent, n'en sont pas convaincus.

La question est donc la suivante : les espaces naturels (forêt, agriculture, zones humides, espaces verts, etc.) sont-ils en milieu urbain un luxe réservé aux classes aisées, voire une importation de l'Occident ? Nous allons au contraire essayer de montrer que c'est bien une demande locale et une nécessité pour tous. C'est d'ailleurs de la base que proviennent beaucoup de reconquêtes de la nature à l'intérieur des villes : agriculture urbaine, arbres entretenus par un voisinage, demande en espaces verts de détente...

Le présent travail constitue la synthèse une série d'études de cas sur la place, l'évolution et le rôle de cette interface dans les grandes agglomérations du Tiers-Monde, commandée par le Ministère des Affaires Étrangères (DCST). Leur but était d'aider à comprendre comment fonctionne et évolue l'interface entre la ville et ses espaces naturels (qu'ils soient périphériques ou intérieurs), et comment l'améliorer pour mieux répondre aux besoins des habitants de la ville : approvisionnement, emploi, environnement, équipements communs, culture, détente...

Trois grandes régions du monde sont abordées ici : l'Afrique noire, le monde arabe, l'Inde. Chacune a fait l'objet d'une étude de cas comportant une ou plusieurs missions sur place. Les deux premières études portaient chacune sur deux villes, aussi contrastées que possible, notamment en taille, d'une même grande région (Freetown et Ibadan dans le premier cas, Tunis et Le Caire dans le second). On pouvait en effet s'attendre à ce que les points communs de villes aussi différenciées correspondent, dans une certaine mesure, à des caractéristiques régionales. L'étude de cas indienne ne portait que sur une ville (Ahmedabad), mais avec une analyse plus complète. La présente étude reprend de larges ex-traits de ces travaux, notamment dans ses conclusions, de façon à pouvoirêtre utilisée sans s'y reporter constamment. Cependant, elle forme avec celles-ci un ensemble plus exhaustif.

La présente synthèse s'appuie également sur une abondante bibliographie, rassemblée dans le cadre d'une recherche effectuée pour le Groupe de recherche et d'échanges technologiques (Gret), sur financement du ministère de la Coopération. Cette dernière concerne essentiellement l'Afrique noire, la littérature francophone étant très limitée pour les autres continents, mais elle est complétée par les bibliographies anglophones rassemblées à l'occasion des études de cas. La confrontation de tous ces exemples tente de dégager à la fois les constantes mondiales du problème, ses spécificités régionales et ses particularités locales.





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Revised April 26, 1999

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